RĂ©sumĂ© Le Masque de la mort rouge (The Masque of the Red Death) est une nouvelle d'Edgar Allan Poe publiĂ©e pour la premiĂšre fois en mai 1842 dans le Graham's Lady's and Gentleman's Magazine sous le titre The Mask of the Red Death, avec le sous-titre A Fantasy. Une version rĂ©visĂ©e est parue le 19 juillet 1845 dans le Broadway Journal sous Le Masque de la Mort rouge est paru aux Etats-Unis en mai 1842 dans le Graham's Magazine et fut traduit par Charles Baudelaire* le 19 juillet 1845, puis publiĂ© dans le cadre des Nouvelles histoires extraordinaires. Ce conte fantastique se dĂ©roule au cours d'une Ă©pidĂ©mie de peste. Le prince Prospero et ses protĂ©gĂ©s ont osĂ© dĂ©fier la mort. Le prince a privilĂ©giĂ© les chevaliers et les dames de sa cour qui rĂ©solurent de se barricader contre les impulsions soudaines du dĂ©sespoir extĂ©rieur et de fermer toute issue aux frĂ©nĂ©sies du dedans». Ce protectionnisme, opĂ©rĂ© au dĂ©triment du peuple gardĂ© Ă  l'extĂ©rieur des murs de l'abbaye, semble ĂȘtre condamnĂ© par l'Ă©crivain qui soutient le principe de l'Ă©galitĂ© de tous les humains face Ă  la mort. NikolaĂŻ Tcherepnine 1873-1945 a Ă©crit un ballet Le Masque de la Mort rouge, créé Ă  Petrograd le 29 janvier 1916, comme Cyril Scott 1879-1970, compositeur anglais en Ă©crit un en1932. AndrĂ© Caplet 1875-1925 compose en 1908 une LĂ©gende, Etude symphonique d'aprĂšs Le Masque de la Mort rouge de PoĂ« pour harpe ou Piano et Quatuor Ă  cordes. Ce conte a connu trois adaptations cinĂ©matographiques. 1964 Le Masque de la Mort Rouge The Masque of the Red Death, de Roger Corman Vincent Price, Hazel Court, David Weston, Jane Asher, Patrick Magee, Nigel Green; 1989 Le Masque de la Mort Rouge Masque of the Red Death, de Larry Brand avec Adrian Paul Prospero et Patrick MacNee Machiavel; 2006 Le masque de la Mort Rouge de Jacques Donjean avec Philippe Volter et Sandrine Blancke et avec la participation d'AndrĂ© Dusssolier. Film de Jean Monset et Tim Le masque de la Mort rouge d'aprĂšs Edgar Allan Poe» eBooks Dans le Masque de la Mort rouge, Edgar Poe sature jusqu'Ă  Minuit le temps et l'espace des danseurs par le seul rythme des heures chaque fois plus pesamment sonnĂ©es, dans leur perception inquiĂšte, par l'horloge d'Ă©bĂšne. Le retour rĂ©gulier du Never More, d'ailleurs choisi de l'aveu mĂȘme du poĂšte pour sa vertu sonore plus que pour l'idĂ©e, instaure de façon analogue, une situation insolite superposĂ©e, comme souvent chez E. Poe, Ă  un fantastique dĂ©jĂ  en place.» Michel Guiomar, Principes d'une esthĂ©tique de la Mort, Paris, JosĂ© Corti, 1988, p. 209 1 La Mort Rouge avait pendant longtemps dĂ©peuplĂ© la contrĂ©e. Jamais peste ne fut si fatale, si horrible. Son avatar, c'Ă©tait le sang, la rougeur et la hideur du sang. C'Ă©taient des douleurs aiguĂ«s, un vertige soudain, et puis un suintement abondant par les pores, et la dissolution de l'ĂȘtre. Des taches pourpres sur le corps, et spĂ©cialement sur le visage de la victime, la mettaient au ban de l'humanitĂ©, et lui fermaient tout secours et toute sympathie. L'invasion, le rĂ©sultat de la maladie, tout cela Ă©tait l'affaire d'une demi-heure. 2 Mais le prince Prospero Ă©tait heureux, et intrĂ©pide, et sagace. Quand ses domaines furent Ă  moitiĂ© dĂ©peuplĂ©s, il convoqua un millier d'amis vigoureux et allĂšgres de cƓur, choisis parmi les chevaliers et les dames de sa cour, et se fit avec eux une retraite profonde dans une de ses abbayes fortifiĂ©es. C'Ă©tait un vaste et magnifique bĂątiment, une crĂ©ation du prince, d'un goĂ»t excentrique et cependant grandiose. Un mur Ă©pais et haut lui faisait une ceinture. Ce mur avait des portes de fer. Les courtisans, une fois entrĂ©s, se servirent de fourneaux et de solides marteaux pour souder les verrous. Ils rĂ©solurent de se barricader contre les impulsions soudaines du dĂ©sespoir extĂ©rieur et de fermer toute issue aux frĂ©nĂ©sies du dedans. L'abbaye fut largement approvisionnĂ©e. GrĂące Ă  ces prĂ©cautions, les courtisans pouvaient jeter le dĂ©fi Ă  la contagion. Le monde extĂ©rieur s'arrangerait comme il pourrait. En attendant, c'Ă©tait folie de s'affliger ou de penser. Le prince avait pourvu Ă  tous les moyens de plaisir. Il y avait des bouffons, il y avait des improvisateurs, des danseurs, des musiciens, il y avait le beau sous toutes ses formes, il y avait le vin. En dedans, il y avait toutes ces belles choses et la sĂ©curitĂ©. Au-dehors, la Mort Rouge. 3 Ce fut vers la fin du cinquiĂšme ou sixiĂšme mois de sa retraite, et pendant que le flĂ©au sĂ©vissait au-dehors avec le plus de rage, que le prince Prospero gratifia ses mille amis d'un bal masquĂ© de la plus insolite magnificence. 4 Tableau voluptueux que cette mascarade! Mais d'abord laissez-moi vous dĂ©crire les salles oĂč elle eut lieu. Il y en avait sept, une enfilade impĂ©riale. Dans beaucoup de palais, ces sĂ©ries de salons forment de longues perspectives en ligne droite, quand les battants des portes sont rabattus sur les murs de chaque cĂŽtĂ©, de sorte que le regard s'enfonce jusqu'au bout sans obstacle. Ici, le cas Ă©tait fort diffĂ©rent, comme on pouvait s'y attendre de la part du duc et de son goĂ»t trĂšs vif pour le bizarre. Les salles Ă©taient si irrĂ©guliĂšrement disposĂ©es que l'Ɠil n'en pouvait guĂšre embrasser plus d'une Ă  la fois. Au bout d'un espace de vingt Ă  trente yards il y avait un brusque dĂ©tour, et Ă  chaque coude un nouvel aspect. A droite et Ă  gauche, au milieu de chaque mur, une haute et Ă©troite fenĂȘtre gothique donnait sur un corridor fermĂ© qui suivait les sinuositĂ©s de l'appartement. Chaque fenĂȘtre Ă©tait faite de verres colorĂ©s en harmonie avec le ton dominant dans les dĂ©corations de la salle sur laquelle elle s'ouvrait. Celle qui occupait l'extrĂ©mitĂ© orientale, par exemple, Ă©tait tendue de bleu, et les fenĂȘtres Ă©taient d'un bleu profond. La seconde piĂšce Ă©tait ornĂ©e et tendue de pourpre, et les carreaux Ă©taient pourpres. La troisiĂšme, entiĂšrement verte, et vertes les fenĂȘtres. La quatriĂšme, dĂ©corĂ©e d'orange, Ă©tait Ă©clairĂ©e par une fenĂȘtre orangĂ©e, la cinquiĂšme, blanche, la sixiĂšme, violette. La septiĂšme salle Ă©tait rigoureusement ensevelie de tentures de velours noir qui revĂȘtaient tout le plafond et les murs, et retombaient en lourdes nappes sur un tapis de mĂȘme Ă©toffe et de mĂȘme couleur. Mais, dans cette chambre seulement, la couleur des fenĂȘtres ne correspondait pas Ă  la dĂ©coration. Les carreaux Ă©taient Ă©carlates, d'une couleur intense de sang. Or, dans aucune des sept salles, Ă  travers les ornements d'or Ă©parpillĂ©s Ă  profusion çà et lĂ  ou suspendus aux lambris, on ne voyait de lampe ni de candĂ©labre. Ni lampes, ni bougies; aucune lumiĂšre de cette sorte dans cette longue suite de piĂšces. Mais, dans les corridors qui leur servaient de ceinture, juste en face de chaque fenĂȘtre, se dressait un Ă©norme trĂ©pied, avec un brasier Ă©clatant, qui projetait ses rayons Ă  travers les carreaux de couleur et illuminait la salle d'une maniĂšre Ă©blouissante. Ainsi se produisait une multitude d'aspects chatoyants et fantastiques. Mais dans la chambre de l'ouest, la chambre noire, la lumiĂšre du brasier qui ruisselait sur les tentures noires Ă  travers les carreaux sanglants Ă©tait Ă©pouvantablement sinistre, et donnait aux physionomies des imprudents qui y entraient un aspect tellement Ă©trange, que bien peu de danseurs se sentaient le courage de mettre les pieds dans son enceinte magique. 5 C'Ă©tait aussi dans cette salle que s'Ă©levait, contre le mur de l'ouest, une gigantesque horloge d'Ă©bĂšne. Son pendule se balançait avec un tic-tac sourd, lourd, monotone; et quand l'aiguille des minutes avait fait le circuit du cadran et que l'heure allait sonner, il s'Ă©levait des poumons d'airain de la machine un son clair, Ă©clatant, profond et excessivement musical, mais d'une note si particuliĂšre et d'une Ă©nergie telle, que d'heure en heure, les musiciens de l'orchestre Ă©taient contraints d'interrompre un instant leurs accords pour Ă©couter la musique de l'heure; les valseurs alors cessaient forcĂ©ment leurs Ă©volutions; un trouble momentanĂ© courait dans toute la joyeuse compagnie; et, tant que vibrait le carillon, on remarquait que les plus fous devenaient pĂąles, et que les plus ĂągĂ©s et les plus rassis passaient leurs mains sur leurs fronts, comme dans une mĂ©ditation ou une rĂȘverie dĂ©lirante. Mais quand l'Ă©cho s'Ă©tait tout Ă  fait Ă©vanoui, une lĂ©gĂšre hilaritĂ© circulait, par toute l'assemblĂ©e; les musiciens s'entre-regardaient et souriaient de leurs nerfs et de leur folie, et se juraient tout bas, les uns aux autres, que la prochaine sonnerie ne produirait pas en eux la mĂȘme Ă©motion; et puis, aprĂšs la fuite des soixante minutes qui comprennent les trois mille six cents secondes de l'heure disparue, arrivait une nouvelle sonnerie de la fatale horloge, et c'Ă©taient le mĂȘme trouble, le mĂȘme frisson, les mĂȘmes rĂȘveries. 6 Mais en dĂ©pit de tout cela, c'Ă©tait une joyeuse et magnifique orgie. Le goĂ»t du duc Ă©tait tout particulier. Il avait un oeil sĂ»r Ă  l'endroit des couleurs et des effets. Il mĂ©prisait le dĂ©corum de la mode. Ses plans Ă©taient tĂ©mĂ©raires et sauvages et ses conceptions brillaient d'une splendeur barbare. Il y a des gens qui l'auraient jugĂ© fou. Ses courtisans sentaient bien qu'il ne l'Ă©tait pas. Mais il fallait l'entendre, le voir, le toucher, pour ĂȘtre sĂ»r qu'il ne l'Ă©tait pas. 7 Il avait, Ă  l'occasion de cette grande fĂȘte, prĂ©sidĂ© en grande partie Ă  la dĂ©coration mobiliĂšre des sept salons, et c'Ă©tait son goĂ»t personnel qui avait commandĂ© le style des travestissements. A coup sĂ»r, c'Ă©taient des conceptions grotesques. C'Ă©tait Ă©blouissant, Ă©tincelant; il y avait du piquant et du fantastique, beaucoup de ce qu'on a vu depuis dans Hernani. Il y avait des figures vraiment grotesques, absurdement Ă©quipĂ©es, incongrĂ»ment bĂąties; des fantaisies monstrueuses comme la folie; il y avait du beau, du licencieux, du bizarre en quantitĂ©, tant soit peu de terrible, et du dĂ©goĂ»tant Ă  foison. Bref, c'Ă©tait comme une multitude de rĂȘves qui se pavanaient çà et lĂ  dans les sept salons. Et ces rĂȘves se contorsionnaient en tous sens, prenant la couleur des chambres, et l'on eĂ»t dit qu'ils exĂ©cutaient la musique avec leurs pieds, et que les airs Ă©tranges de l'orchestre Ă©taient l'Ă©cho de leur pas. Et de temps en temps on entend sonner l'horloge d'Ă©bĂšne dans la salle de velours. Et alors, pour un moment, tout s'arrĂȘte, tout se tait, exceptĂ© la voix de l'horloge. Les rĂȘves sont glacĂ©s, paralysĂ©s dans leurs postures. Mais les Ă©chos de la sonnerie s'Ă©vanouissent, ils n'ont durĂ© qu'un instant, et Ă  peine ont-ils fui, qu'une hilaritĂ© lĂ©gĂšre et mal contenue circule partout. Et la musique s'enfle de nouveau, et les rĂȘves revivent, et ils se tordent çà et lĂ  plus joyeusement que jamais, reflĂ©tant la couleur des fenĂȘtres Ă  travers lesquelles ruisselle le rayonnement des trĂ©pieds. Mais dans la chambre qui est lĂ -bas tout Ă  l'ouest aucun masque n'ose maintenant s'aventurer; car la nuit avance, et une lumiĂšre plus rouge afflue Ă  travers les carreaux couleur de sang, et la noirceur des draperies funĂšbres est effrayante; et Ă  l'Ă©tourdi qui met le pied sur le tapis funĂšbre l'horloge d'Ă©bĂšne envoie un carillon plus lourd, plus solennellement Ă©nergique que celui qui frappe les oreilles des masques tourbillonnant dans l'insouciance lointaine des autres salles. 8 Quant Ă  ces piĂšces-lĂ , elles fourmillent de monde, et le cƓur de la vie y battait fiĂšvreusement. Et la fĂȘte tourbillonnait toujours, lorsque s'Ă©leva enfin le son de minuit de l'horloge. Alors, comme je l'ai dit, la musique s'arrĂȘta; le tournoiement des valseurs fut suspendu; il se fit partout, comme naguĂšre, une anxieuse immobilitĂ©. Mais le timbre de l'horloge avait cette fois douze coups Ă  sonner; aussi il se peut bien que plus de pensĂ©e se soit glissĂ©e dans les mĂ©ditations de ceux qui pensaient parmi cette foule festoyante. Et ce fut peut-ĂȘtre aussi pour cela que plusieurs personnes parmi cette foule, avant que les derniers Ă©chos du dernier coup fussent noyĂ©s dans le silence, avaient eu le temps de s'apercevoir de la prĂ©sence d'un masque qui jusque-lĂ  n'avait aucunement attirĂ© l'attention. Et, la nouvelle de cette intrusion s'Ă©tant rĂ©pandue en un chuchotement Ă  la ronde, il s'Ă©leva de toute l'assemblĂ©e un bourdonnement, puis, finalement de terreur, d'horreur et de dĂ©goĂ»t. 9 Dans une rĂ©union de fantĂŽmes telle que je l'ai dĂ©crite, il fallait sans doute une apparition bien extraordinaire pour causer une telle sensation. La licence carnavalesque de cette nuit Ă©tait, il est vrai, Ă  peu prĂšs illimitĂ©e; mais le personnage en question avait dĂ©passĂ© l'extravagance d'un HĂ©rode, et franchi les bornes, cependant complaisantes, du dĂ©corum imposĂ© par le prince. Il y a dans les cƓurs des plus insouciants des cordes qui ne se laissent pas toucher sans Ă©motion. MĂȘme chez les plus dĂ©pravĂ©s, chez ceux pour qui la vie et la mort sont Ă©galement un jeu, il y a des choses avec lesquelles on ne peut pas jouer. Toute l'assemblĂ©e parut alors sentir profondĂ©ment le mauvais goĂ»t et l'inconvenance de la conduite et du costume de l'Ă©tranger. Le personnage Ă©tait grand et dĂ©charnĂ©, et enveloppĂ© d'un suaire de la tĂȘte aux pieds. Le masque qui cachait le visage reprĂ©sentait si bien la physionomie d'un cadavre raidi, que l'analyse la plus minutieuse aurait difficilement dĂ©couvert l'artifice. Et cependant, tous ces fous joyeux auraient peut-ĂȘtre supportĂ©, sinon approuvĂ©, cette laide plaisanterie. Mais le masque avait Ă©tĂ© jusqu'Ă  adopter le type de la Mort Rouge. Son vĂȘtement Ă©tait barbouillĂ© de sang, et son large front, ainsi que tous les traits de sa face, Ă©taient aspergĂ©s de l'Ă©pouvantable Ă©carlate. 10 Quand les yeux du prince Prospero tombĂšrent sur cette figure de spectre qui, d'un mouvement lent, solennel, emphatique, comme pour mieux soutenir son rĂŽle, se promenait çà et lĂ  Ă  travers les danseurs, on le vit d'abord convulsĂ© par un violent frisson de terreur ou de dĂ©goĂ»t; mais une seconde aprĂšs, son front s'empourpra de rage. 11 —Qui ose, demanda-t-il, d'une voix enrouĂ©e, aux courtisans debout prĂšs de lui; qui ose nous insulter par cette ironie blasphĂ©matoire? Emparez-vous de lui, et dĂ©masquez-le; que nous sachions qui nous aurons Ă  prendre aux crĂ©neaux, au lever du soleil! 12 C'Ă©tait dans la chambre de l'est ou chambre bleue, que se trouvait le prince Prospero, quand il prononça ces paroles. Elles retentirent fortement et clairement Ă  travers les sept salons, car le prince Ă©tait un homme impĂ©tueux et robuste, et la musique s'Ă©tait tue Ă  un signe de sa main. 13 C'Ă©tait dans la chambre bleue que se tenait le prince, avec un groupe de pĂąles courtisanes Ă  ses cĂŽtĂ©s. D'abord, pendant qu'il parlait, il y eut parmi le groupe un lĂ©ger mouvement en avant dans la direction de l'intrus, qui fut un instant presque Ă  leur portĂ©e, et qui maintenant, d'un pas dĂ©libĂ©rĂ© et majestueux, se rapprochait de plus en plus du prince. Mais par suite d'une certaine terreur indĂ©finissable que l'audace insensĂ©e du masque avait inspirĂ©e Ă  toute la sociĂ©tĂ©, il ne se trouva personne pour lui mettre la main dessus; si bien que, ne trouvant aucun obstacle, il passa Ă  deux pas de la personne du prince; et, pendant que l'immense assemblĂ©e, comme obĂ©issant Ă  un seul mouvement, reculait du centre de la salle vers les murs, il continua sa route sans interruption, de ce mĂȘme pas solennel et mesurĂ© qui l'avait tout d'abord caractĂ©risĂ©, de la chambre bleue Ă  la chambre pourpre, de la chambre pourpre Ă  la chambre verte, de la verte Ă  l'orange, de celle-ci Ă  la blanche, et de celle-lĂ  Ă  la violette, avant qu'on eĂ»t fait un mouvement dĂ©cisif pour l'arrĂȘter. Ce fut alors, toutefois, que le prince Prospero, exaspĂ©rĂ© par la rage et la honte de sa lĂąchetĂ© d'une minute, s'Ă©lança prĂ©cipitamment Ă  travers les six chambres, oĂč nul ne le suivit; car une terreur mortelle s'Ă©tait emparĂ©e de tout le monde. Il brandissait un poignard nu, et s'Ă©tait approchĂ© impĂ©tueusement Ă  une distance de trois ou quatre pieds du fantĂŽme qui battait en retraite, quand ce dernier, arrivĂ© Ă  l'extrĂ©mitĂ© de la salle de velours, se retourna brusquement et fit face Ă  celui qui le poursuivait. Un cri aigu partit, et le poignard glissa avec un Ă©clair sur le tapis funĂšbre oĂč le prince Prospero tombait mort une seconde aprĂšs. Alors, invoquant le courage violent du dĂ©sespoir, une foule de masques se prĂ©cipita Ă  la fois dans la chambre noire; et, saisissant l'inconnu, qui se tenait, comme une grande statue, droit et immobile dans l'ombre de l'horloge d'Ă©bĂšne, ils se sentirent suffoquĂ©s par une terreur sans nom, en voyant que sous le linceul et le masque cadavĂ©reux, qu'ils avaient empoignĂ© avec une si violente Ă©nergie, ne logeait aucune forme humaine. 14 On reconnut alors la prĂ©sence de la Mort rouge. Elle Ă©tait venue comme un voleur de nuit. Et tous les convives tombĂšrent un Ă  un dans les salles de l'orgie inondĂ©es d'une rose sanglante, et chacun mourut dans la posture dĂ©sespĂ©rĂ©e de sa chute. Et la vie de l'horloge d'Ă©bĂšne disparut avec celle du dernier de ces ĂȘtres joyeux. Et les flammes des trĂ©pieds expirĂšrent. Et les TĂ©nĂšbres, et la Ruine, et la Mort rouge Ă©tablirent sur toutes choses leur empire illimitĂ©. Traduction de Charles Baudelaire Commentaires RenĂ© Dubois, The Masque of the Red Death» une allĂ©gorie esthĂ©tique Ă  la rencontre des eschatologies poesque et orientale», Les Cahiers de la nouvelle, 37, Automne 2001. Texte intĂ©gral
LeMasque De La Mort Rouge RĂ©sumĂ© Page 4 sur 50 - Environ 500 essais ScĂ©nario 1373 mots | 6 pages ScĂ©nario : RĂ©sumĂ© de l’histoire : Nathan prend la voiture et aprĂšs quelques minutes aperçoit un coureur sur le bas­cĂŽtĂ© ayant l’air Ă  bout de souffle. Il dĂ©cide de s’arrĂȘter pour voir ce qui ne va pas. La personne explique en haletant qu’elle est Ă©puisĂ©e. Nathan, le cƓur
1 Le titre de ce conte sera repris, tout au long de l’article, sous la forme abrĂ©gĂ©e de The Masque ... 2 Il s’agit des contes du Club de l’In-Folio publiĂ©s entre 1833 et 1835 et dont Henri Justin a donnĂ© ... 1Dans le corpus des contes de Poe, "The Masque of the Red Death"1 se prĂ©sente comme l’un des rĂ©cits les plus linĂ©aires dans toute l’acception du terme. DotĂ© d’une structure diĂ©gĂ©tique lisse, ce rĂ©cit relate une anecdote brĂšve et limpide dont le cadre historique indĂ©terminĂ© contribue Ă  renforcer, avec une grande efficacitĂ©, l’aspect allĂ©gorique du conte. Or, en matiĂšre d’allĂ©gorie, Poe n’en est pas ici Ă  son premier tableau. Parmi les onze contes du dĂ©but de la carriĂšre littĂ©raire de Poe2, il en est plusieurs qui ont Ă©tĂ© Ă©crits dans cette veine dont "King Pest" qui paraĂźt en 1835, soit sept ans avant "The Masque", avec le sous-titre "A Tale Containing an Allegory". 3 La peste – aussi appelĂ©e Yellow Jack – de mĂȘme que le cholĂ©ra firent des ravages surtout Ă  Baltimo ... 4 GĂ©rard Genette, Discours du rĂ©cit», Figures III 72. 2Certes, les deux contes s’inspirent directement des souvenirs de la peste qui sĂ©vissait encore au dĂ©but des annĂ©es 1830 sur la cĂŽte est des Etats-Unis3, mais c’est bien lĂ  l’unique facteur commun de ces deux rĂ©cits dont les visĂ©es profondes sont totalement divergentes. Aux attaques satiriques de "King Pest" dirigĂ©es contre Benjamin Disraeli et son roman Vivian Grey 1826 que Poe parodie Ă  outrance en recourant au burlesque le plus dĂ©bridĂ©, s’opposent, dans "The Masque", des considĂ©rations d’une tout autre portĂ©e, qui touchent Ă  des domaines aussi variĂ©s, et en apparence aussi Ă©loignĂ©s les uns des autres, que l’art, la temporalitĂ© et la cosmologie. Par ailleurs, si dans "King Pest" l’aspect allĂ©gorique se cantonne dans la sphĂšre de la fable morale, dans "The Masque", en revanche, il acquiert toute son envergure ; et si Poe Ă©prouve le besoin d’étaler la virulence de ses attaques sur une douzaine de pages dans le premier rĂ©cit, dans le second il ne lui en faut que six pour exprimer l’ensemble de ses soucis esthĂ©tiques et mĂ©taphysiques. C’est dire Ă  quel point l’allĂ©gorie se trouve condensĂ©e dans "The Masque" dont l’efficacitĂ© narratologique repose sur la parfaite coĂŻncidence entre rĂ©cit et histoire ou diĂ©gĂšse, selon la distinction Ă©tablie par Genette4. Les dĂ©tails symboliques de l’histoire narrĂ©e se conjuguent avec les deux paramĂštres essentiels du rĂ©cit que constituent le temps et l’espace pour donner Ă  la texture de "The Masque" une trame extrĂȘmement serrĂ©e sur le plan du signifiant, alors que sur celui du signifiĂ© elle est suffisamment lĂąche pour admettre une interprĂ©tation plurielle. "The Masque" se prĂȘte en effet Ă  deux niveaux de lecture essentiels, l’un en suivant l’axe syntagmatique du rĂ©cit et l’autre en s’élevant le long de l’axe paradigmatique. L’interaction constante de ces deux axes permet Ă  ce rĂ©cit, dont les vastes visĂ©es s’accommodent d’une rare laconicitĂ©, de couvrir trois domaines Ă  la fois le domaine de l’esthĂ©tique fourvoyĂ©e par l’interprĂ©tation perverse qu’en donne le hĂ©ros, le domaine existentiel sous-tendu par les rapports intimes qui lient entre eux les deux couples mort/vie et temps/espace, enfin, celui, Ă©minemment Ă©pistĂ©mique, de la cosmologie oĂč la rĂ©flexion poesque, telle un Ă©cho des affirmations d’Eureka, rejoint la pensĂ©e orientale, et notamment la tradition bouddhique, Ă  travers une eschatologie qui dĂ©bouche sur le centre vide ou le NĂ©ant de l’Absolu, terme incontournable du microcosme comme du macrocosme. Le bal masquĂ© une esthĂ©tique de la mort La thĂ©matique des masques 3"The Masque" se prĂ©sente sous la forme d’une cĂ©lĂ©bration festive qui n’est autre qu’une pĂ©rĂ©grination dans le temps et dans l’espace, au cours de laquelle le hĂ©ros, Prospero – prince au nom Ă©vocateur sur lequel nous reviendrons – et son entourage tentent par tous les moyens de bannir de leur vue et de leur vie toute idĂ©e de maladie, de souffrance et de mort, afin de jouir indĂ©finiment de leurs contraires. Dans le but d’échapper Ă  la peste qui sĂ©vit Ă  l’extĂ©rieur, Prospero crĂ©e un monde Ă  part et s’y enferme avec sa cour comme dans un vĂ©ritable microcosme qui n’en a pas moins conservĂ© du macrocosme ses deux paramĂštres essentiels, Ă  savoir le temps et l’espace. Dans cette oasis de paix Prospero s’ingĂ©nie Ă  organiser un bal masquĂ© d’une grande originalitĂ©, oĂč le bizarre le dispute au luxe cette assemblĂ©e privilĂ©giĂ©e Ă©volue, accompagnĂ©e des accords joyeux d’un orchestre mais aussi du sinistre carillon d’une horloge, Ă  travers une sĂ©rie de sept chambres tendues de couleurs diffĂ©rentes, et doit arborer des masques extravagants mais Ă©voquant uniquement le plaisir et la joie de vivre In truth the masquerade license of the night was nearly unlimited. » Mais voilĂ  que l’on s’aperçoit tout d’un coup de la prĂ©sence, parmi la foule, d’un masque hors norme, celui de la Mort, entachĂ© de sang et complĂ©tĂ© d’un linceul en guise d’accoutrement. La farandole se transforme dĂšs lors en une poursuite effrĂ©nĂ©e de la Mort Rouge talonnĂ©e par Prospero qui, parvenu dans la derniĂšre chambre tendue de noir, s’effondre foudroyĂ© par la vision rapprochĂ©e de la Mort, tandis que ses courtisans, accourus Ă  sa rescousse, succombent un Ă  un, face Ă  l’horreur de leur dĂ©couverte le masque de la Mort Rouge est un masque sans corps, sans support tangible, vide, untenanted by any tangible form ». 4Il est intĂ©ressant de noter, en tout premier lieu, la distinction qu’établit ici Poe entre masque et mask. Si le Webster’s International Dictionary dĂ©finit les deux termes masque et mask comme exprimant une danse, une mascarade, une farandole composĂ©e de personnages masquĂ©s, Poe semble n’accorder cette dĂ©finition qu’au seul terme masque, marquant ainsi une nette distinction entre "The Masque" et "The Mask" de la Mort Rouge, le second terme renvoyant uniquement Ă  l’idĂ©e de dĂ©guisement, d’accoutrement. La distinction est d’importance car la Mort Rouge se trouve ainsi doublement topicalisĂ©e elle mĂšne la danse autant qu’elle est masquĂ©e ; elle est, pour ainsi dire, juge et partie car elle participe autant aux rĂ©jouissances du moment qu’elle en sera victime, devant disparaĂźtre, elle aussi, au terme de la mascarade. La Mort Rouge prĂ©sente un double statut dont la signification est Ă©loquente passant du statut de l’intrus effacĂ© au dĂ©but des libations – He had come like a thief in the night » – Ă  celui de meneur dans la derniĂšre partie du rĂ©cit, elle dĂ©montre ainsi l’omniprĂ©sence et l’omnipotence du mal que l’on croyait avoir Ă©radiquĂ©. Le fait que Prospero est Ă©galement omniprĂ©sent dans le rĂ©cit signale une thĂ©matisation partagĂ©e la Mort Rouge et le Prince sont tous deux maĂźtres des lieux, tous deux protagonistes d’une mĂȘme piĂšce en sept tableaux, tous deux vouĂ©s Ă  disparaĂźtre presque simultanĂ©ment. La Mort Rouge, outre son double statut, aurait-elle un double en la personne de Prospero ? Prospero se serait-il confrontĂ© Ă  son propre double sous les traits de la MortalitĂ©, tel William Wilson, ce hĂ©ros Ă©ponyme de la nouvelle de Poe qui meurt Ă  la vie aprĂšs avoir tuĂ© son double ? OĂč l’on voit que la thĂ©matique des masques n’est pas aussi transparente qu’il y paraĂźt et que le masque, au sens large du terme, recouvre le concept d’illusion parce qu’il touche aux phĂ©nomĂšnes liĂ©s Ă  la perception et Ă  la conscience claire – ou entĂ©nĂ©brĂ©e – des choses, comme c’est le cas avec Prospero. Spectacle, spectre et spĂ©cularitĂ© 5 James W. Gargano, The Masquerade Vision in Poe’s Short-Stories.,Baltimore, 1977. 5La Mort en ce royaume est doublement choquante car, d’une part, elle est tout Ă  fait incongrue et, d’autre part, elle se donne en spectacle de façon scandaleuse “The whole company, indeed, seemed now deeply to feel that in the costume and bearing of the stranger neither wit nor propriety existed”. "The Masque" se donne Ă  lire comme le compte rendu d’une rĂ©jouissance qu’une mise en scĂšne insolite mais mĂ©ticuleuse transforme en spectacle d’abord original puis hallucinant au cƓur de l’étrange tourbillon des fĂȘtards la prĂ©sence de la Mort Rouge constitue une mise en abĂźme du spectacle en devenant la principale attraction du moment, en assumant le rĂŽle du masque le plus rĂ©pugnant mais aussi le plus fascinant qu’on ait pu imaginer. Figure emblĂ©matique d’une instance inconsistante, vide de nature propre, et qui participe de ce que James W. Gargano5 appelle un complot Ă  la fois cĂ©leste et infernal destinĂ© Ă  rĂ©duire l’humanitĂ© Ă  l’anonymat total, le masque s’érige ici en objet de toutes les focalisations, dotĂ© de multiples effets de sens. 6 Supernal, terme qu’affectionne Poe et qui apparaĂźt notamment dans The Poetic Principle, essai publ ... 7 James W. Gargano, op. cit. 8. 6L’ambivalence profonde du masque de la Mort Rouge est en partie due Ă  son aspect spectral son accoutrement Ă©voque jusque dans le moindre dĂ©tail le spectre de la Mort – The figure was tall and gaunt, and shrouded from head to foot in the habiliments of the grave. », The mask 
 was made so nearly to resemble the countenance of a stiffened corpse ». Par ailleurs, cette dimension spectrale de la Mort Rouge se vĂ©rifie Ă  la fin du rĂ©cit lorsque les courtisans de Prospero s’aperçoivent avec horreur qu’il n’y a personne derriĂšre le masque qui serait donc une apparition surnaturelle, an agent from the supernal6 », comme le dĂ©finit Gargano7. Mais le spectral Ă  lui seul ne peut expliquer l’omnipotence du masque et la fascination qu’il exerce sur le public. Face Ă  ce masque, Prospero et ses courtisans succombent, terrassĂ©s par une vision insupportable, mais si cette vision s’avĂšre aussi insupportable pour les protagonistes de la mascarade c’est sans doute parce que le masque de la Mort Rouge porte en lui l’image de leur propre mortalitĂ©. 7La mort de Prospero et des autres face Ă  l’image de leur propre destin traduit de façon elliptique l’accomplissement de la mission allĂ©gorique du rĂ©cit la mort qu’ils veulent fuir est non seulement parmi eux mais aussi en eux, et sa manifestation, visible mais impalpable, est l’incarnation d’un incube enfoui au plus profond d’eux-mĂȘmes. Cette part de rĂ©el de chacun, inspĂ©cularisable, s’actualise ici, de façon poĂ©tique, grĂące Ă  la prĂ©sence du masque. Telle une illusion, un leurre au symbolisme trop cru et trop cruel, ce masque est en fait un masque-reflet qui fonctionne sur le plan de la confrontation spĂ©culaire 8 RenĂ© Dubois, Edgar A. Poe et le Bouddhisme 233. 
 la mascarade 
 se trouve confrontĂ©e Ă  un masque qui est Ă  la fois le reflet d’elle-mĂȘme et son expression archĂ©typale de par l’omnipotence de sa fonction. Tout comme la mascarade est dĂ©pourvue de nature propre et vide par nature, son reflet est pure illusion qui se dissipe Ă  l’issue de sa mission dissolvante. Bien qu’illusoire, le masque-reflet est tout puissant car il est dotĂ© de pouvoirs malĂ©fiques comme de pouvoirs bĂ©nĂ©fiques 
. Le masque-reflet apparaĂźt alors non pas comme le double des masques mais leur archĂ©type dont la prĂ©sence, nĂ©cessaire et fatale, nourrit, avant de clore, la diĂ©gĂšse du 8Nul besoin pour le masque-reflet d’exercer une coercition quelconque sur les autres masques, ce qui n’est pas sans rappeler l’étrange mais non moins efficace passivitĂ© du double de William Wilson, le hĂ©ros Ă©ponyme. La mission de la Mort Rouge, Ă  l’instar de celle du double de William Wilson, doit s’accomplir selon une logique liĂ©e, nous le verrons, Ă  l’eschatologie cosmologique, sans aucune provocation dĂ©libĂ©rĂ©e ni aucune violence superflue. 9La spĂ©cularitĂ© qui caractĂ©rise les rapports entre la Mort Rouge et Prospero est marquĂ©e dans le texte par la prĂ©sence de certains dĂ©tails qui se font Ă©cho la couleur rouge du sang qui Ă©voque les hĂ©morragies causĂ©es par la peste, souille le masque ainsi que l’accoutrement de la Mort Rouge, et se dĂ©tecte Ă©galement sur le front exaspĂ©rĂ© du Prince. Par ailleurs, tel un rappel adressĂ© Ă  tous les protagonistes prĂ©sents concernant le symbole Ă  la fois de la vie et de la mort, le rouge flamboie en lueurs fulgurantes sur les draperies noires de la septiĂšme et derniĂšre chambre, Ă  travers les vitres rouge-sang de la fenĂȘtre. SpĂ©cularitĂ© entre spectre et spectateurs, entre extĂ©rieur ensanglantĂ© et intĂ©rieur rougeoyant, sĂ©grĂ©gation entre macrocosme au sang viciĂ© et microcosme au sang purifiĂ©, tout concourt Ă  l’expression d’une obsession, celle de la mort dont le sang serait l’auxiliaire, comme le perçoivent Prospero et son entourage. Et c’est en cela que rĂ©side toute la tragĂ©die du Prince si le masque de la Mort Rouge est un leurre, c’est aussi un avertissement car le Prince s’est leurrĂ© lui-mĂȘme sous la conduite d’une hubris suicidaire. Chronique d’une mort annoncĂ©e 9 Il s’agit tout particuliĂšrement de William Wilson », The Black Cat », The Tell-tale Heart », ... 10En digne hĂ©ros des temps mythiques relevant d’un passĂ© indĂ©terminĂ©, Prospero poursuit un rĂȘve chimĂ©rique qui le mĂšne, malgrĂ© lui, Ă  l’auto-destruction. "The Masque" est le rĂ©cit d’une mort annoncĂ©e dont la diĂ©gĂšse repose sur des supports temporels et gĂ©ographiques propres Ă  une thĂ©matique multiple celle de l’enfermement, celle de la rĂ©duction ou rĂ©gression, et celle de la dissolution, sur lesquelles nous reviendrons. En considĂ©rant ce rĂ©cit avec une certaine distance, et en gardant Ă  l’esprit le souvenir d’autres contes poesques de mĂȘme nature et aux visĂ©es similaires9, le lecteur averti aura dĂ©tectĂ© ici, comme ailleurs, l’aspect inĂ©luctable d’une marche vers l’anĂ©antissement de soi Ă  travers la nĂ©gation utopique d’une destinĂ©e humaine jugĂ©e par le narrateur/hĂ©ros comme trop indigne d’ĂȘtre vĂ©cue, trop en deçà de ses aspirations profondes qui peuvent ĂȘtre ici de nature hubristique, et lĂ  de nature nĂ©vrotique, ou encore les deux Ă  la fois. 11Ici comme ailleurs, il s’agit d’une dissidence, d’un Ă©tat de rĂ©bellion qui vise Ă  affranchir le sujet d’un certain asservissement physique, ou moral, devenu intolĂ©rable. De façon tout Ă  fait paradoxale, mais aussi profondĂ©ment poĂ©tique, le sujet poesque abandonne le carcan initial pour un autre en se rĂ©fugiant dans une sphĂšre aussi illusoire qu’alĂ©atoire. Mais l’important n’est pas lĂ  ; ce qui importe c’est qu’il a lui-mĂȘme créé cet enfermement et qu’il y a librement consenti. Une volontĂ© suicidaire prĂ©side au dĂ©veloppement de l’action comme Ă  ses consĂ©quences. De chambre en chambre, de couleur en couleur et d’heure en heure, Prospero mĂšne une danse qui s’avĂšre macabre non pas tant Ă  cause de la prĂ©sence du masque de la Mort Rouge qu’à cause de sa volontĂ© de rĂ©volte. Le bal masquĂ© de Prospero est une randonnĂ©e mortelle, une errance topographique et existentielle dont le terme est la dissolution totale. Le carillon de l’horloge rythme cette marche vers le point de non-retour tandis que la succession des chambres marque la distribution symbolique de l’espace qui sĂ©pare l’ĂȘtre du non-ĂȘtre et que Prospero s’est attribuĂ© comme territoire immuable, Ă  jamais soustrait Ă  l’empire et Ă  l’emprise de la mortalitĂ©. Aucun leurre n’aura Ă©tĂ© aussi fatal, Ă  l’exception, peut-ĂȘtre, de celui qui s’est emparĂ© du peintre dans "The Oval Portrait" oĂč l’on peut voir l’hubris de nouveau Ă  l’Ɠuvre et menant inĂ©luctablement Ă  la mort de toutes les illusions. Ici, comme dans les autres contes de la mĂȘme veine, la dimension poĂ©tique du rĂ©cit s’articule autour de l’idĂ©e de dĂ©sir contraire Ă  la norme, de normalitĂ© contrecarrĂ©e, de fuite centrifuge, et s’appuie sur des modalitĂ©s d’accomplissement qui obĂ©issent aux canons artistiques de Poe. La perversion de l’esthĂ©tique 12PlacĂ©e sous le signe de la rĂ©gression, la diĂ©gĂšse de "The Masque" s’appuie sur des composantes d’une efficacitĂ© remarquable mais dont la signification profonde fait apparaĂźtre une perversion de l’esthĂ©tique doublĂ©e d’une perversion Ă©thique que l’on examinera en derniĂšre partie. Les auxiliaires de la rĂ©gression festive 10 Marie Bonaparte, Ă©lĂšve et amie de Freud, dans Edgar Poe, sa vie-son Ɠuvre 1958, dĂ©crit la Mort R ... 13Architecture et alchimie semblent Ă  l’origine de l’assise esthĂ©tique de "The Masque". On aura dĂ©jĂ  remarquĂ© une grande similitude architecturale entre les divers intĂ©rieurs poesques de la maison des Usher aux caves de MontrĂ©sor dans "The Cask of Amontillado" en passant par l’école du RĂ©vĂ©rend Bransby dans "William Wilson", ce n’est qu’enfilades de chambres et dĂ©dales de couloirs et d’escaliers sombres et tortueux, reprĂ©sentatifs d’une architecture que d’aucuns considĂšreront comme l’équivalent symbolique d’un cheminement freudien vers quelque matrice obsessionnelle10. La disposition sinueuse des chambres dans "The Masque", cependant, semble devoir se prĂȘter Ă  une analyse portant essentiellement sur les valeurs esthĂ©tiques de Poe plutĂŽt qu’à une quelconque interprĂ©tation psychanalytique. En effet, et si l’on en croit John T. Irwin, le penchant de Poe pour les arabesques architecturales ne serait pas Ă©tranger Ă  son admiration pour le peintre anglais Hogarth dont la pensĂ©e artistique consignĂ©e dans The Analysis of Beauty, publiĂ© en 1753, considĂšre que la ligne serpentine est l’une des deux formes – l’autre Ă©tant celle du D – les plus reprĂ©sentatives, non seulement de la beautĂ© et de la grĂące, mais aussi de la totalitĂ© de l’ordre formel 11 John T. Irwin, The Mystery to a Solution 408-409. And certainly if Poe knew Hogarth’s work, he would have known of his association with the serpentine line. For as Hogarth himself points out in the preface to The Analysis of Beauty, the self-portrait published as a frontispiece to his engraved works showed “a serpentine line, lying on a painter’s pallet”, and beneath it the words “THE LINE OF BEAUTY”. Finally, it seems hard to believe that anyone as interested as Poe was in questions of analysis and in the subject of the sublime and beautiful would not have made it a point to read a work entitled The Analysis of Beauty, particularly if it had been written by an artist whose work he 14La sinuositĂ© architecturale dans The Masque, comme dans les autres contes oĂč elle figure, reflĂšte Ă  la fois les mĂ©andres enchevĂȘtrĂ©s d’un parcours topographique qui relĂšve, nous le verrons, du parcours mandalaĂŻque, et la complexitĂ© psychologique du sujet, en l’occurrence le Prince Prospero. Chez ce dernier, le goĂ»t pour le bizarre – The duke’s love of the bizarre » – se traduit Ă©galement Ă  travers l’alchimie des couleurs qui n’est pas sans rappeler l’alchimie tantrique. Les couleurs diffĂ©rentes des sept chambres s’animent sous l’effet quasi magique du feu provenant des trĂ©pieds disposĂ©s de l’autre cĂŽtĂ© des vitres teintĂ©es qui illuminent les piĂšces. Cet Ă©clairage indirect mais pas moins efficace pour autant, filtrĂ© et colorĂ© de la plus vive façon, vient renforcer la tonalitĂ© de la fĂȘte Ă©trange celle-ci est Ă  la fois rĂ©jouissance et initiation, comparable en cela Ă  l’expĂ©rience holistique du Tantrisme qui englobe Ă  la fois le plan physique et le plan psychologique. Couleurs successives et mouvantes dont l’effet est rĂ©gi par une source lumineuse vacillante, feux magiques autant que purificateurs fonctionnant comme agents de mĂ©tamorphoses, se conjuguent pour confĂ©rer aux personnages leur aspect de rĂȘve fantomatique To and fro in the seven chambers there stalked, in fact, a multitude of dreams. And these – the dreams – writhed in and about, taking hue from the rooms, and causing the wild music of the orchestra to seem as the echo of their steps. 12 Plusieurs critiques l’affirment, comme Jean-Louis Grillou qui, dans son article Death in Venice,... 13 L’alchimie poesque prĂ©sente - et en cela rejoint l’alchimie tantrique - une dimension sotĂ©riologiq ... 15MĂ©tamorphoses physiques et psychologiques, visĂ©es communes de toute alchimie, se retrouvent au cƓur des alchimies poesque et tantrique. Poe connaissait l’alchimie12 mais n’a pas Ă©crit des nouvelles alchimiques pour autant le discours alchimique chez Poe n’est pas une fin en soi, pas plus que la pratique alchimique ne l’est chez l’initiĂ© tantrique. Sans doute Poe avait-il compris tout le parti qu’il pouvait tirer de l’alchimie pour vĂ©hiculer certaines de ses convictions dans ses Ă©crits de fiction. L’alchimie apparaĂźt dans "The Masque" comme un moyen Ă  la fois poĂ©tique et sotĂ©riologique13 permettant de rendre compte du rituel esthĂ©tique qui sous-tend le passage du temps et donc de la vie. L’allĂ©gorie se dĂ©ploie ici dans toute son envergure en recouvrant le souci existentiel du voile poĂ©tique d’une reprĂ©sentation festive dont la nature est Ă©minemment rĂ©gressive. L’architecture serpentine, le chatoiement des couleurs, la fulgurance des feux, ainsi que les accords hystĂ©riques de l’orchestre, convergent, tous, vers le lieu de leur propre anĂ©antissement, c’est-Ă -dire la derniĂšre chambre ou chambre-sĂ©pulture oĂč la vie sous toutes ses formes s’éteint malgrĂ© toute l Ă©nergie dĂ©ployĂ©e par Prospero et les siens. Par ailleurs, le nombre sept,Ă  l’instar des couleurs, participe de ce parcours rĂ©gressif Ă  travers l’allusion aux sept Ăąges de l’homme dont parle Jaques dans As You Like It. Le septiĂšme Ăąge, tel que le dĂ©crit Jaques, offre un Ă©cho saisissant de la clĂŽture de "The Masque" marquĂ©e par la nĂ©gativitĂ© totale 14 As You Like It, Act II, scene VII. Last scene of all,That ends this strange eventful history,Is second childishness, and mere oblivion;Sans teeth, sans eyes, sans taste, sans every 15 Poe expose clairement ces critĂšres dans son compte rendu des Twice-told Tales 1842 de Hawthorne ... 16 Roger Bozzetto, “La recherche de l’émerveillement et de la sidĂ©ration”. Europe, n°868-869 140. 16La thĂ©matique de la rĂ©gression, exprimĂ©e sur le mode poĂ©tique, vise, selon des critĂšres artistiques bien dĂ©finis15, l’unitĂ© d’effet qui exige, selon Poe, que tous les dĂ©tails du rĂ©cit convergent vers un seul et mĂȘme effet amenĂ© comme un point d’orgue qui, tout en clĂŽturant le conte, laisse hĂ©ros et lecteurs sous le choc d’un vĂ©ritable coup de théùtre. C’est en ce nƓud Ă  la fois poĂ©tique et thĂ©matique que la couleur rouge acquiert toute son importance elle apparaĂźt comme emblĂ©matique d’un effet de fascination – ou de sidĂ©ration, pour reprendre lemot de Roger Bozzetto- dont l’emprise sur Prospero et ses courtisans est totale. La Mort Rouge, en traversant les salles du chĂąteau, telle une figure de proue fascinante, davantage suivie que poursuivie, rĂ©alise ainsi l’unitĂ© d’effet du rĂ©cit, et fait Ă©cho Ă  l’idĂ©e que Poe inaugure dans l’art de la nouvelle une esthĂ©tique de l’effet qui court comme un fil rouge dans toute son Ɠuvre. »16 Une esthĂ©tique de l’excĂšs 17De façon quelque peu paradoxale, et ceci se vĂ©rifie Ă©galement dans d’autres contes tels que "Ligeia", l’esthĂ©tique de "The Masque" apparaĂźt comme un mĂ©lange impur, empreint d’ambiguĂŻtĂ©, qui se situe Ă  la frontiĂšre du Beau et du Laid, du Sublime et de l’Horreur, entre l’attraction et la rĂ©pulsion, s’érigeant ainsi en mĂ©taphore poĂ©tique du processus cosmologique qui sous-tend ce rĂ©cit. Par le biais d’affirmations maintes fois rĂ©itĂ©rĂ©es, Poe opĂšre la mutation de l’esthĂ©tique de Prospero en une inesthĂ©tique » qui prĂ©figure toute l’horreur de la situation tout en exprimant une rĂ©gression par rapport aux canons esthĂ©tiques de l’auteur dont le narrateur dans ce rĂ©cit se fait le porte-parole. Poe prend soin d’indiquer qu’en matiĂšre d’esthĂ©tique, les goĂ»ts de Prospero s’avĂšrent fort douteux – “The duke’s love of the bizarre”, “The tastes of the duke were peculiar ” – s’ils ne relĂšvent pas directement de la folie “There were delirious fancies such as the madman fashions ”. L’abondante prĂ©sence d’oxymores – “his conceptions glowed with barbaric lustre”, “arabesque figures with unsuited limbs and appointments”, “there was much of the beautiful, there was much of the wanton”, “the prince’s indefinite decorum” – rĂ©vĂšle l’écart qui sĂ©pare le vrai sens du goĂ»t chez Poe, liĂ© Ă  l’imagination, et les dĂ©lires esthĂ©tiques de Prospero, liĂ©s Ă  la fancy. Enfin, la norme en matiĂšre de goĂ»t telle que Poe l’exprime dans The Philosophy of Furniture 1840 s’oppose ouvertement au manque de goĂ»t flagrant chez Prospero Ă  travers l’usage d’un lexique ou d’expressions Ă  connotation fortement pĂ©jorative si l’on garde en mĂ©moire les recommandations consignĂ©es dans cet essai bizarre, profusion of golden ornaments, glaringly illumined, gaudy, fantastic, glitter, phantasms. Contrairement au Prospero shakespearien qui, en vrai magicien, parvient Ă  instaurer un semblant d’ordre et d’harmonie dans son Ăźle au lendemain d’une tempĂȘte mĂ©morable, le Prospero de Poe rĂ©tablit dans la sienne un certain dĂ©sordre sous le couvert d’une esthĂ©tique douteuse. Nous avons affaire ici Ă  une thĂ©matique de l’excĂšs que l’apparition de la Mort Rouge traduit de façon symbolique mais aussi singuliĂšrement ironique “ the figure in question had out-Heroded Herod, and gone beyond the bounds of even the prince’s indefinite decorum ”. Tous les Ă©lĂ©ments du conte, y compris l’architecture serpentine et l’alchimie des couleurs, contribuent Ă  mettre en exergue la notion de subversion qui est au cƓur du contexte Ă©pistĂ©mique de "The Masque". 18A la perversion esthĂ©tique, liĂ©e Ă  la linĂ©aritĂ© de l’axe syntagmatique du rĂ©cit et se traduisant par la distorsion du goĂ»t , s’oppose la perversion Ă©thique, liĂ©e Ă  l’axe paradigmatique et dont le mode d’expression est la subversion. Et c’est le long de l’axe paradigmatique que se rencontrent les Ă©chos d’Eureka qui font de "The Masque" le rĂ©cit d’une eschatologie dont la proximitĂ© avec l’eschatologie orientale demeure troublante. Une Ă©criture Ă  rĂ©sonance orientale vers une eschatologie bouddhico-poesque. La proximitĂ© orientale du rĂ©cit poesque le mandala pervers de Prospero 19Comme c’est le cas dans la plupart des contes de Poe, l’impact d’Eureka sur "The Masque"est si profond que l’on peut considĂ©rer ce rĂ©cit comme une illustration, parmi tant d’autres,de l’essai mĂ©taphysique, une mise en abyme autant qu’une mise en pratique du souci cosmologique eurĂ©kĂ©en dans un contexte de fiction. Un rĂ©sumĂ© concis de la thĂšse d’Eureka permettra d’établir sa parentĂ© avec "The Masque" et de dĂ©gager la tonalitĂ© orientale – bouddhique, essentiellement – de ce rĂ©cit. 17 En particulier les Sutras du Tripitaka ou Bible » bouddhique composĂ©e de trois ensembles de Text ... 18 Le MahĂąyĂąna est la tradition des Ă©coles bouddhiques du Nord dont le souci sotĂ©riologique primordia ... 20Eureka ou Essai sur l’univers matĂ©riel et spirituel, publiĂ© en 1848 et que Poe qualifie de poĂšme en prose et de livre des vĂ©ritĂ©s, stipule que l’univers sensible s’est créé Ă  la suite du dĂ©sir divin de s’incarner en une particule mĂšre qui, en se divisant de façon quasi infinie, donne naissance Ă  un nombre incalculable mais fini d’atomes. Au terme du dĂ©sir divin de diffusion dans l’espace ainsi créé, le mouvement de retour des atomes dispersĂ©s vers la particule originelle s’amorce et se traduit par la formation des corps cĂ©lestes, ou ensemble de galaxies, qui constituent l’univers. A la fin des temps, la contraction totale de l’univers entraĂźnera sa disparition en mĂȘme temps que disparaĂźtra la particule originelle qui, s’incarnant de nouveau sous l’impulsion d’une nouvelle volition divine, donnera lieu Ă  un nouveau cycle d’expansion et de contraction, et cela tant que Dieu Ă©prouvera le dĂ©sir de s’incarner. L’unitĂ©, point de dĂ©part et finalitĂ© du monde, constitue donc son principe unificateur ; mais le monde, en soi, fait obstacle au retour vers l’unicitĂ© originelle car, par dĂ©finition, il incarne le multiple qui, Ă  son tour, manifeste un dĂ©sir d’existence qui lui est propre. C’est ce mĂȘme vouloir-vivre, Ă  la racine du monde phĂ©nomĂ©nal, que Schopenhauer analyse, quelques dĂ©cennies avant Poe, dans Le Monde comme VolontĂ© et comme ReprĂ©sentation 1818. Or, on peut lire dans tous les textes sacrĂ©s du Bouddhisme17, que, du moindre grain de sable – la mĂ©taphore de l’atome – Ă  l’agrĂ©gat le plus complexe, l’univers entier manifeste le dĂ©sir d’ĂȘtre tout en s’acheminant vers le NirvĂąna, sa destination ultime Ă  la fin des temps. PensĂ©e poesque et tradition bouddhique mahĂąyĂąniste18 se rejoignent pour affirmer que cette volontĂ© d’existence se traduit par les cycles de renaissances successifs que Poe appelle aussi mĂ©tamorphoses ». Ce constat commun de Poe et des MahĂąyĂąnistes en entraĂźne d’autres d’égale importance et notamment les affirmations suivantes la matiĂšre, et donc l’existence, sont le produit de l’attraction et de la rĂ©pulsion ; en tant que telle, la matiĂšre dont l’existence est soumise Ă  un jeu de forces, Ă  la combinaison d’énergies, est contingente et par suite impermanente ; enfin, la vocation de la matiĂšre, identique Ă  celle de tout dĂ©sir d’incarnation – aussi divin soit-il – est l’intĂ©gration du NĂ©ant/NirvĂąna, cette vacuitĂ© centrale oĂč se rĂ©solvent toutes les antinomies et dichotomies de la multiplicitĂ©. 21Le monde, rĂ©gi par les forces de l’attraction et de la rĂ©pulsion, apparaĂźt donc comme une entitĂ© illusoire et alĂ©atoire. Il n’en demeure pas moins qu’en tant que multiplicitĂ© manifestĂ©e, il incarne une rĂ©sistance, une rĂ©action opposĂ©e Ă  la marche vers l’intĂ©gration de l’unicitĂ©. Le monde sensible est emblĂ©matique de la contradiction car il est rĂ©pulsion pure, incarnation de la force contraire Ă  l’attraction, et sa volontĂ© d’existence contrecarre celle-ci et retarde ses effets. Cet attachement Ă  l’existence constitue le karma du monde dont l’errance dans le SamsĂąra se traduit par le nombre incalculable mais non infini des cycles de renaissances l’errance samsĂąrique a un terme, tout comme elle a une origine, ce dont pensĂ©e poesque et tradition bouddhique conviennent sans divergence aucune. 22A la lumiĂšre des considĂ©rations eschatologiques communes Ă  ces deux instances, "The Masque", dans son contexte Ă©pistĂ©mique, se donne Ă  lire, comme une allĂ©gorie liĂ©e Ă  l’ontologie bouddhico-poesque. La farandole des protagonistes dans ce rĂ©cit est une dramatisation de l’errance samsĂąrique dont le terme cosmologique est le trou noir de l’ultime chambre. La septiĂšme chambre tendue de noir signale la fin d’un cycle de mĂ©tamorphoses qui a commencĂ© dans la chambre orientale tendue de bleu. Elle reprĂ©sente un lieu de non-retour temporaire, dans l’attente d’un nouveau cycle sous l’impulsion d’un nouveau dĂ©sir d’existence, et c’est en son centre vide que se rĂ©sorbent toutes les fulgurances artistiques ainsi que toutes les extravagances centrifuges d’un microcosme dont le destin ne peut Ă©chapper au devenir du macrocosme qui l’englobe. 23L’univers de Prospero, issu d’une volontĂ© contraire Ă  la force d’attraction, est une contradiction vouĂ©e Ă  disparaĂźtre. C’est en ce sens que l’on peut considĂ©rer "The Masque" comme la chronique d’une mort annoncĂ©e. Et c’est en ce nƓud bouddhico-poesque que la figure de la Mort Rouge acquiert toute sa signification ontologique elle n’incarne pas le mal, comme le pense Prospero, mais la force d’attraction dont la mission est de vaincre la rĂ©pulsion qu’incarnent Prospero et sa crĂ©ation. 24Le microcosme de Prospero n’est donc qu’un accident de parcours, et vue sous cet angle, la pĂ©rĂ©grination du prince Ă  travers les sept mĂ©tamorphoses symbolisĂ©es par les sept chambres correspond Ă  une progression mandalaĂŻque erronĂ©e. Contrairement au mandala sotĂ©riologique oĂč le sujet, en parvenant au centre de la cosmogonie, rejoint le niveau divin et rĂ©alise l’expĂ©rience Ă©piphanique d’une illumination et d’une dĂ©livrance salutaires, dans le mandala perverti de Prospero, Ă  aucun moment, le prince ou ses courtisans, n’osent s’aventurer dans la chambre de non-retour, l’équivalent du centre vide de l’ultime cercles d’un mandala encore trop ancrĂ© dans la multiplicitĂ©. C’est ici que Poe renforce le caractĂšre allĂ©gorique du rĂ©cit avec une habiletĂ© remarquable en passant trĂšs subrepticement du parfait au prĂ©sent de narration la deuxiĂšme moitiĂ© du sixiĂšme paragraphe du texte, consacrĂ©e aux Ă©volutions des protagonistes de chambre en chambre, rythmĂ©es par la musique d’un orchestre dont les accords sont interrompus Ă  chaque heure par le carillon de l’horloge, est entiĂšrement rendue au prĂ©sent de narration. Ce changement de temps indique le passage d’une occurrence diĂ©gĂ©tique particuliĂšre vers l’atemporalitĂ© d’une affirmation d’ordre gĂ©nĂ©ral le prĂ©sent de narration octroie au mandala de Prospero une dimension archĂ©typale en en faisant le prototype de tous les mandala de cette nature. 25Enflure intempestive, voire incongrue car gĂ©nĂ©rĂ©e par la fancy de son auteur, le microcosme de Prospero apparaĂźt comme une inflation cosmologique hubristique qui n’aurait pas dĂ» ĂȘtre, et dont l’existence, sous-tendue par l’espace et le temps, est vouĂ©e Ă  disparaĂźtre avec la disparition de ces deux paramĂštres cosmologiques. Le degrĂ© zĂ©ro du temps et de l’espace 26On ne saurait passer sous silence le fait que Poe accorde dans ce rĂ©cit une importance capitale au couple temps/espace. Par ailleurs, l’abolition du monde Ă  travers l’abolition de ses paramĂštres, telle qu’elle se prĂ©sente dans "The Masque", fait Ă©cho aux visions apocalyptiques d’Eureka et d’autres rĂ©cits tels que The Conversation of Eiros and Charmion. D’une façon gĂ©nĂ©rale, la thĂ©matique poesque de la nĂ©gation du monde – ou d’un monde – se prĂ©sente comme un rituel eschatologique qui peut dĂ©boucher sur une disparition soudaine et quasi magique de l’environnement, comme c’est le cas ici, ou sur la variante que reprĂ©sente l’évanouissement du sujet pour qui le monde n’existe plus, comme dans le cas de "The Pit and the Pendulum". Dans tous ces Ă©crits la fin du monde coĂŻncide avec la disparition simultanĂ©e du temps et de l’espace. Qu’y a-t-il d’étonnant Ă  cela puisque Poe est convaincu, dans Eureka, de l’identitĂ© du temps et de l’espace Space and Duration are one. Il serait utile de se rĂ©fĂ©rer, de nouveau ici, Ă  la sphĂšre bouddhico-poesque pour rendre compte de l’importance de ces deux paramĂštres dans "The Masque" 19 RenĂ© Dubois, “Temps et espace dans l’Eureka de Poe et dans la tradition bouddhique”. Mythes, Croya ... Tout comme dans la tradition bouddhique, l’Absolu chez Poe est un Absolu aspatial et atemporel, au sein duquel l’espace et le temps sont abolis, chacun Ă  sa façon le premier par contraction ad infinitum, devient inexistant et rejoint l’inexistence du temps qui s’est figĂ© au degrĂ© zĂ©ro, c’est-Ă -dire, non pas dans l’éternitĂ© liĂ©e au phĂ©nomĂ©nal, mais dans le hors-temps, le non-temps, autrement dit, l’atemporalitĂ© de l’inconditionnĂ© ou du 27C’est prĂ©cisĂ©ment ce qui se passe dans "The Masque", rĂ©cit Ă©minemment sous-tendu par ces deux paramĂštres qui fondent l’univers l’espace implose dans la derniĂšre chambre oĂč tout disparaĂźt dans les tĂ©nĂšbres d’un vĂ©ritable trou noir tandis que le temps s’est arrĂȘtĂ© au dernier coup de minuit. Cependant, tout au long du parcours circonscrit par les chambres, chaque heure que sonne l’horloge est un rappel des incontournables rĂ©alitĂ©s ontologiques que les protagonistes refusent d’intĂ©grer, non sans une angoisse grandissante au fur et Ă  mesure que le temps avance, angoisse que le narrateur ne manque pas de souligner There are chords in the hearts of the most reckless which cannot be touched without emotion ». Ce processus d’actions balisĂ©es par des jalons temporels, qui indique que la mesure du temps est liĂ©e Ă  l’existence en sursis, se retrouve dans "The Tell-Tale Heart", notamment, oĂč les faits et gestes du hĂ©ros-narrateur sont ponctuĂ©s de rĂ©fĂ©rences au temps, rĂ©currentes et prĂ©cises. L’existence se dĂ©ploie donc dans un espace et une temporalitĂ© bornĂ©s, Ă  l’instar du chĂąteau-microcosme, de l’exil-prison de Prospero oĂč rien ne peut entrer ni sortir, mais oĂč tout se trouve dĂ©jĂ . 28La contradiction que reprĂ©sente ce microcosme et qui se traduit par une subversion Ă  tous les niveaux du rĂ©cit, concerne Ă©galement le temps. En se retranchant de l’entropie environnante, la nĂ©guentropie de Prospero n’en a pas moins conservĂ© les paramĂštres temporel et spatial, mais de mĂȘme que l’espace mandalaĂŻque du prince s’avĂšre une cosmogonie perverse, de mĂȘme, la temporalitĂ© de son enclave se veut contraire Ă  celle du macrocosme Ă  laquelle il lui faut correspondre. Mais comment Ă©chapper Ă  l’emprise du temps ? Comment se soustraire Ă  la temporalitĂ©, aux cycles des renaissances, Ă  l’inĂ©luctabilitĂ© du destin que symbolise la Mort Rouge ? Prospero rĂ©sout toutes ces questions par le recours Ă  un stratagĂšme technique - le bal - un stratagĂšme par ailleurs Ă©minemment esthĂ©tique car il s’agit d’un bal masquĂ© oĂč se retrouvent tous les goĂ»ts, le meilleur comme le pire. La farandole reprĂ©sente l’espoir fou de Prospero de s’affranchir de la cyclicitĂ© du temps ; elle traduit, de façon symbolique, l’acte sexuel qui fonde la vie et s’oppose ainsi Ă  la mort, car 20 Gilbert Durand, Les Structures anthropologiques de l’imaginaire 388. [
] toute chorĂ©graphie rythmique est une Ă©rotique. Erotique non seulement en ce sens que de nombreuses danses sont directement un prĂ©paration ou un substitut de l’acte d’amour, mais encore parce que la danse rituelle joue toujours un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans les cĂ©rĂ©monies solennelles et cycliques qui ont pour but d’assurer la fĂ©conditĂ© et surtout la pĂ©rennitĂ© du groupe social dans le temps. 20 29La danse, dans ce rĂ©cit, n’apparaĂźt macabre qu’à cause de la prĂ©sence du masque de la Mort ; elle est, en fait, l’expression d’un suprĂȘme dĂ©sir de vivre, d’une pulsion de vie rythmĂ©e par la musique de l’orchestre et le carillon de l’horloge “[
] in them beat feverishly the heart of life.” La rythmique sexuelle du bal masquĂ©, en s’émancipant du rythme temporel naturel, vise Ă  atteindre l’intemporalitĂ©, et donc la sphĂšre du mythique, tout en demeurant au cƓur du temps qui s’écoule inexorablement vers son propre Ă©puisement 21 Gilbert Durand, op. cit 387-388. La musique constitue bien elle aussi une maĂźtrise du temps comme l’a vu un des plus perspicaces musicologues qui Ă©crit En admettant que la musique organise effectivement le temps, quel est donc le caractĂšre spĂ©cifique de cette opĂ©ration ?
le compositeur produit dans le temps une chose qui en son unitĂ©, en tant qu’ayant un sens, est intemporelle
 »21 22 Cette derniĂšre caractĂ©ristique de l’horloge est tout Ă  fait Ă©vocatrice de celle de l’étang, lieu d ... 30Toutefois, Poe a pris soin de souligner la nature Ă©trangement ambiguĂ«, et donc inquiĂ©tante, du carillon de l’horloge prĂ©sentĂ©e tantĂŽt comme profondĂ©ment musicale, tantĂŽt comme menaçante, la tonalitĂ© de la mĂ©canique vient assombrir les rĂ©jouissances, et les heures qu’elle Ă©grĂšne apparaissent comme autant de coups de frein Ă  la frĂ©nĂ©sie gĂ©nĂ©rale. Le rĂŽle de l’horloge s’avĂšre en fait bivalent elle impulse la danse autant qu’elle la dĂ©truit ; elle rythme la chorĂ©graphie autant qu’elle scande l’approche de la mort. Par cette double fonction, l’horloge fusionne deux symboliques elle est d’une part l’outil diĂ©gĂ©tique qui traduit le passage du temps ainsi que la progression narrative, et d’autre part un auxiliaire eschatologique Ă©minemment poĂ©tique, Ă  la fois hĂ©raut et victime de l’apocalypse universelle22. 31La double contradiction de Prospero, Ă  la fois spatiale et temporelle, vĂ©ritable effort dĂ©sespĂ©rĂ© de s’affranchir de la mortalitĂ©, s’achĂšve dans une dissolution totale qui se traduit par le degrĂ© zĂ©ro du temps et de l’espace. L’analyse de "The Masque" demeurerait, cependant, incomplĂšte si elle ne rendait pas compte des Ă©chos dissolvants que renferme l’écriture de ce rĂ©cit oĂč la forme semble Ă©pouser au plus prĂšs les contours du fond. L’écriture apophatique comme mĂ©taphore de la rĂ©intĂ©gration du NĂ©ant-NirvĂąna 23 Edgar Allan Poe Poetry and Tales 1348 32"The Masque" est l’histoire d’une aventure qui s’abĂźme dans l’au-delĂ  de la vie et de la mort, et la rĂ©gression en est le terme clĂ© car elle se vĂ©rifie Ă  tous les niveaux. La structure mĂȘme du rĂ©cit en est affectĂ©e l’écriture de "The Masque" reproduit la rĂ©gression cosmologique dont parle Eureka, par le recours Ă  l’itĂ©ration des situations qui se dĂ©gradent au fur et Ă  mesure que le terme de la diĂ©gĂšse approche. A l’instar de l’effondrement progressif de l’univers tel que le dĂ©crit Eureka – “If the propositions of this Discourse are tenable, “the state of progressive collapse” is precisely that state in which alone we are warranted in considering All Things”23 – "The Masque" se donne Ă  lire comme une succession de phases dont l’amplitude, large dans la premiĂšre moitiĂ© du rĂ©cit, diminue avec l’accĂ©lĂ©ration du rythme des Ă©vĂ©nements dans la deuxiĂšme moitiĂ©, pour enfin retrouver l’envergure que requiert le compte rendu de l’apogĂ©e apocalyptique du conte. De phase en phase, comme de chambre en chambre, le rĂ©cit s’achemine vers sa conclusion qui, dans un treiziĂšme et dernier paragraphe, rĂ©sume tout le processus annihilateur de l’eschatologie eurĂ©kĂ©enne. L’itĂ©ration descriptive des situations, outre le fait qu’elle reflĂšte, sur le plan syntagmatique, le rythme chorĂ©graphique de la fĂȘte, vise Ă  reproduire, sur le plan paradigmatique, l’effet de tautologie inhĂ©rent Ă  la cyclicitĂ© cosmologique qui pose que les Ăąges se succĂšdent jusqu’à leur terme. 33ParallĂšlement Ă  la dissolution de l’univers lors de son implosion et de son intĂ©gration du NĂ©ant, nous assistons, au niveau du conte, Ă  la dissolution d’une Ă©criture qui s’abolit dans le degrĂ© zĂ©ro d’un discours caractĂ©risĂ© jusque lĂ  par une certaine flamboyance, Ă  l’image de la fulgurance Ă©phĂ©mĂšre du monde de Prospero. Progressivement mais inĂ©luctablement, la fonction de l’écriture change de statut Ă  la fonction phatique, destinĂ©e Ă  la prĂ©sentation et au dĂ©veloppement de l’histoire narrĂ©e, succĂšde la fonction apophatique dans la clĂŽture du rĂ©cit. VĂ©ritable mĂ©taphore de l’intĂ©gration du NĂ©ant/NirvĂąna, la conclusion de "The Masque" n’en conserve pas moins, jusque dans les soubresauts de l’agonie, des traces Ă©loquentes de la nostalgie du SamsĂąra, d’un vouloir-vivre contraire Ă  la rĂ©sorption finale, Ă  travers la conjonction and, rĂ©itĂ©rĂ©e pas moins de huit fois en quelques lignes. Des pans entiers de vie et de vitalitĂ©, emblĂ©matiques d’une rĂ©pulsion rebelle aux visĂ©es d’éternitĂ© impossibles, sombrent les uns aprĂšs les autres, Ă  l’instar de l’effondrement progressif des mondes eurĂ©kĂ©ens dans le processus du retour d’abord vers l’Un, puis vers l’Absolu. Sur le plan de l’écriture, ces effondrements successifs, liĂ©s les uns aux autres par la conjonction and, traduisent une contiguĂŻtĂ© syntagmatique dont l’épuisement coĂŻncide parfaitement avec la mĂ©taphore paradigmatique de la dĂ©sintĂ©gration finale du monde de Prospero et de son intĂ©gration de l’Absolu. 24 Dans d’autres contes tels que A Descent into the Maelström », The Pit and the Pendulum », Li ... 34L’apophatisme de la clĂŽture reprĂ©sente le point de non-retour d’une Ă©criture rĂ©gressive dont le discours n’a plus d’objet car il a atteint la limite du vide, l’aporie d’une expĂ©rience de l’extrĂȘme qui dĂ©bouche sur l’impossible Ă  dire. Cette forme d’écriture qui se nie elle-mĂȘme tout en contribuant Ă  l’effet de sidĂ©ration, relĂšve d’une technique narrative chĂšre Ă  Poe. L’auteur y recourt dans plusieurs de ses contes et notamment dans "The Narrative of Arthur Gordon Pym" oĂč elle se dĂ©ploie dans toute son envergure, avec cette diffĂ©rence que, dans "The Masque", le narrateur demeure le tĂ©moin extradiĂ©gĂ©tique de l’uniformitĂ© entĂ©nĂ©brĂ©e de l’Absolu, alors que, dans "The Narrative", le narrateur intradiĂ©gĂ©tique disparaĂźt dans l’Absolu d’une uniforme blancheur. Dans les deux cas, ainsi que dans tous les contes de mĂȘme nature, l’écriture se clĂŽt sur cette vacuitĂ© qui est au cƓur des processus eschatologiques poesque et bouddhique24. 25 Edgar Allan Poe Essays and Reviews 600. 35A maintes reprises Poe s’est Ă©levĂ© contre l’usage abusif et incongru de l’allĂ©gorie dans tout rĂ©cit de fiction. Ainsi, dans son compte rendu des poĂšmes de Henry B. Hirst, l’auteur affirme que all allegories are contemptible »25, et, dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, dans son essai critique sur les Twice-Told Tales de Hawthorne, il Ă©crit 26 Op. Cit. 582. In defence of allegory, however, or for whatever object, employed there is scarcely one respectable word to be said. Its best appeals are made to the fancy – that is to say, to our sense of adaptation, not of matters proper, but of matters improper for the purpose, of the real with the unreal; having never more of intelligible connection than has something with nothing, never half so much of effective affinity as has the substance for the 36Cependant, au terme de notre analyse, il apparaĂźt que "The Masque" rĂ©pond parfaitement aux exigences trĂšs particuliĂšres de Poe concernant l’allĂ©gorie, telles qu’il les Ă©nonce dans ce mĂȘme essai sur Hawthorne 27 Op. Cit. 582-583 One thing is clear, that if allegory ever establishes a fact, it is by dint of over-turning a fiction. Where the suggested meaning runs through the obvious one in a very profound undercurrent, so as never to interfere with the upper one without our own volition, so as never to show itself unless called to the surface, there only, for the proper uses of fictitious narrative, is it available at all. Under the best circumstances, it must always interfere with that unity of effect which, to the artist, is worth all the allegory in the 37Le souci esthĂ©tique, qui engendre l’unitĂ© de l’effet, est au cƓur d’un rĂ©cit oĂč le narrateur, Ă  aucun moment ne permet Ă  l’allĂ©gorie d’éclipser l’intĂ©rĂȘt diĂ©gĂ©tique. Nous retrouvons ici, Ă  l’instar du poĂšme en prose » que constitue Eureka, cette obsession poesque pour l’unitĂ© poĂ©tique dans toute Ɠuvre de fiction. Tout didactisme et, avec lui, toute allĂ©gorie affichĂ©e doivent ĂȘtre bannis du rĂ©cit de fiction. "The Masque" apparaĂźt ainsi comme une vĂ©ritable mascarade dans tous les sens du terme si le sens premier et le sens cachĂ© coĂŻncident aussi parfaitement, si l’obvie et l’obtus se superposent avec autant d’exactitude, c’est bien parce que le propos Ă©pistĂ©mique – l’eschatologie bouddhico-poesque – est habilement masquĂ© dans sa totalitĂ© par la fiction de surface. Nous pouvons y dĂ©celer un Ă©cho supplĂ©mentaire d’Eureka, Ɠuvre dans laquelle Poe affirme maintes fois que The Body and the Soul walk hand in hand ». Et si ce conte marque autant l’imagination du lecteur c’est bien parce que celui-ci trouve dans l’hubris pathĂ©tique de Prospero le reflet de son propre dĂ©sir d’éternitĂ© dont la perversion lui Ă©chappe, Ă  lui autant qu’à Prospero, car nous dit Eureka, la conscience humaine n'est pas encore prĂȘte pour l'intĂ©gration de la conscience divine qui l'englobe, et la rĂ©sorbera Ă  la fin des temps, dans le vide d'une centralitĂ© nirvĂąnĂ©e.
AnalyselittĂ©raire – Le Masque de la mort Rouge – Edgar Allan Poe Tout d’abord, dans ce rĂ©cit fantastique d’Edgar Allan Poe, la peur et l’extravagance sont prĂ©sents tout au long de cette histoire. Effectivement, dans ce genre de conte fantastique et surtout ceux d’Edgar Allan Poe, il est trĂšs frĂ©quent que l’horreur soit mis au rendez-vous.
ActivitĂ©s Ă©tudiantes pour Le Masque de la Mort Rouge A Quick Synopsis of “The Masque of the Red Death” by Edgar Allan Poe In the kingdom of Prince Prospero, a disease, the Red Death, viciously and gruesomely kills all who contract it. As it runs its course throughout his kingdom, Prospero decides to escape its grasp by inviting all the nobles to his castle and welding the doors shut, so they can all wait out the plague in his lavishly decorated castle. One night, Prospero holds a masquerade ball. He decorates seven rooms, each with a different color blue, purple, green, orange, white, violet, and black. All the rooms are magnificently ostentatious with stained glass windows of the coordinating color, except for the final black room which has red stained glass windows. This room is so disturbing that no one enters the room. Even more mysterious is a large ebony clock which chimes every hour, halting the exaltation of revelers with its foreboding strike. As the party goes on and the clock is about to strike midnight, an enigmatic guest appears dressed as a plague victim. Deeply disturbed by a guest's poor judgment, Prospero engages with the visitor, finally pursuing him with a dagger through the seven colored rooms. As he reaches the figure in the final room, Prospero falls dead. The other guests subdue the intruder and forcibly remove his mask, finding, to their horror, there is no one beneath the costume. They also die. The Red Death infiltrated the castle, despite Prospero’s efforts to escape it. Essential Questions for “The Masque of the Red Death” How can an author can build suspense? How do effective writers create mood in their short stories? How does Poe's use of setting, symbolism, personification, and simile impact the story overall? Other Activity Ideas for "The Masque of the Red Death" Have students create a storyboard that shows the events of the story from different points of view; peasantry, nobles, or Prospero. Ask students to create a modern adaptation of the story, connecting with the themes they studied! Have students demonstrate how Poe builds suspense by creating a storyboard that focuses only on the rising action. Add a presentation to any storyboard project. *Cela va commencer un essai gratuit de 2 semaines - Aucune carte de crĂ©dit nĂ©cessaire © 2022 - Clever Prototypes, LLC - Tous les droits sont rĂ©servĂ©s. StoryboardThat est une marque dĂ©posĂ©e de Clever Prototypes , LLC , et enregistrĂ©e auprĂšs du US Patent and Trademark Office

Enrésumé. Ce masque est le plus célÚbre de tous les objets découverts dans la tombe de Toutankhamon. Il a fallu plus de 10 kg d'or pour le réaliser.

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TheMasque Of The Red Death est le premier film que Roger Corman tourne en dehors des États-Unis, et c’est aussi une des rares fois oĂč le budget comme le temps de tournage sont confortables. À l’image, Nicolas Roeg, qui s’est illustrĂ© ensuite avec David Lean et Truffaut, signe pour son premier long-mĂ©trage une photographie qui s’en donne Ă  cƓur joie. Car le rouge du InfosDiffusionsCastingRĂ©sumĂ©Au XIIe siĂšcle, l'Italie est en proie Ă  une Ă©pidĂ©mie de peste. Le prince Prospero, adorateur invĂ©tĂ©rĂ© de Satan, se retire dans son chĂąteau avec Juliana, sa maĂźtresse, et une jeune fille nommĂ©e Francesca dont il retient prisonniers le pĂšre et le fiancĂ©. Le chĂąteau rĂ©sonne d'inquiĂ©tants bruits d'orgies et de meurtres. Un jour arrive un mystĂ©rieux personnage, tout de rouge vĂȘtuGenreFilm - HorreurAnnĂ©e de sortie1964AvecVincent Price, Hazel Court, Jane Asher, David Weston, Paul Whitsun-Jones, Patrick Magee, Roger Corman, Edgar Allan Poe, R. Wright Campbell, Charles BeaumontInfos supplĂ©mentairesProgramme dĂ©conseillĂ© aux moins de 12 ansAvis des internautes 1Vous avez aimĂ© ce programme ?
Dans«Le masque de la mort rouge», Poe utilise l'allégorie des actes de Prospero pour faire valoir son point fort: personne n'échappe à la mort. Prospero pensait pouvoir tromper la mort en invitant tous les riches de son royaume à la sécurité de son chùteau. Il séparait les riches des paysans pour éviter la mort par la peste. Le
1 octobre 2015 4 01 /10 /octobre /2015 2203 Titre 10 Nouvelles Fantastiques. Collection Castor Poche. Edition Flammarion. Titres Auteurs 1. La maison hantĂ©e Le Jeune 2. Bisclavret De France 3. Des nouvelles de l’Autre monde Calmet 4. Le chĂąteau du diable De Nerval 5. Le masque de la Mort Rouge Allan Poe 6. Qui sait ? De Maupassant disparition d’HonorĂ© Subrac Apollinaire 8. Le coquillage Bradbury 9. Popsy King 10. Fonds d’écran Bordage maison hantĂ©e Pline Le Jeune. L’histoire se passe dans l’AntiquitĂ©, Ă  AthĂšnes. Les principaux personnages de ce rĂ©cit sont Le philosophe AthĂ©nodore et le spectre d’un vieillard. -AthĂ©nodore Il est courageux et dĂ©terminĂ© Ă  faire face au spectre qui occupe la maison. Son mĂ©tier est philosophe. -Le spectre C’est un vieillard accablĂ© de misĂšre et de maigreur. Il possĂšde une longue barbe ainsi que des cheveux hirsutes. Il est enchaĂźnĂ© aux main et aux pieds, il inspire la peur. Extrait Le fracas augmente, se rapproche et voilĂ  qu’il retentit sur le seuil . [
] Elle se dressait immobile et d’un signe du doigt semblait l’appeler [
] .Alors sans plus attendre il prend la lumiĂšre et suit l’apparition. ArrivĂ© dans la cour de la maison, elle s’évanouit tout Ă  coup, plantant lĂ  son compagnon. » Justification J’ai choisi ce passage car c’est le moment oĂč l’apparition fait son entrĂ©e dans l’histoire. Marie De France. L’histoire se dĂ©roule au Moyen-Ăąge, en Bretagne. Les principaux personnages sont Le seigneur Bisclavret/Le loup-garou, l’épouse de Bisclavret /la Dame et le roi. Bisclavret C’est un beau chevalier, d’une conduite irrĂ©prochable. Il est courtois et gentil, brave et de bonne nature. La Dame C’est une femme de grande valeur au visage trĂšs affable. Elle est aussi peureuse et traĂźtresse. Le Roi Il est attentionnĂ© et aimant auprĂšs du loup-garou. C’est un homme courtois et avisĂ©. Extrait Une annĂ©e entiĂšre passa ainsi, jusqu’au jour oĂč le roi partit Ă  la chasse. Il se rendit tout droit dans la forĂȘt oĂč se trouvait le loup-garou. Chiens et veneurs le poursuivirent toute la journĂ©e. DĂšs que le loup-garou aperçut le roi, il courut vers lui pour implorer sa pitiĂ©[
] »Page 16-17. Justification J’ai choisi ce passage de la nouvelle Bisclavret car on voit comment le loup-garou utilise son intelligence pour s’en sortir. 3. Des nouvelles de l’Autre monde Augustin Calmet. L’histoire se passe au XVIIIĂšme siĂšcle, Ă  Valogne. Les personnages principaux sont Le prĂȘtre et Des Fontaines Son mĂ©tier est prĂȘtre .Il est attachĂ© Ă  Des Fontaines, son ami d’enfance. Il est croyant et chrĂ©tien. Des Fontaines Il est gai ,complaisant et spirituel. Extrait En allant le matin Ă  Notre-Dame-De-La-Victoire ,il m’apparut encore mais pour moins de temps et me pressa toujours de parler Ă  son frĂšre en disant toujours Jusques,jusques »et sans vouloir rĂ©pondre Ă  mes questions. » Page 32. Justification J’ai choisi ce passage car on dĂ©couvre comment se comporte le fantĂŽme de Des Fontaines avec chĂąteau du diable GĂ©rard De Nerval. L’histoire se passe au dĂ©but du XIXĂšme siĂšcle, Ă  Paris. Le personnage principal est le sergent. Le sergent C’est un homme hardi , ambitieux et brave, plus amoureux que crĂ©dule . Extrait reprĂ©sentatif Des rires frĂ©nĂ©tiques partirent de tous cĂŽtĂ©s ;le sergent intriguĂ©, laissa tomber la bouteille, qui se brisa en mille morceaux. La danse s’arrĂȘta, des cris d’effroi se firent entendre dans tous les coins de la cave, et le sergent sentit ses cheveux se dresser en voyant que le vin rĂ©pandu paraissait former une mare de sang. Le corps d’une femme, dont les blonds cheveux se rĂ©pandaient Ă  terre et trempaient dans l’humiditĂ©, Ă©tait Ă©tendu Ă  ses pieds. » Page 41. Justification J’ai choisi ce passage car on voit sous quelle forme se manifeste le diable dans l’histoire. 5. .Le masque de la Mort Rouge Edgar Allan Poe L’histoire se passe au dĂ©but du XIXĂšme siĂšcle, dans une abbaye personnages principaux sont -Le Prince Prospero, La Mort Rouge. -Prospero C’est un homme intrĂ©pide, sagace, excentrique . -La Mort Rouge C’est un personnage grand et dĂ©charnĂ© ,enveloppĂ© dans un suaire de la tĂȘte aux pieds .Le masque qui couvre son visage reprĂ©sente la physionomie d’un cadavre raidi. Il est froid et meurtrier. Extrait Quand les yeux du Prince Prospero tombĂšrent sur cette figure du spectre –qui d’un mouvement lent, solennel ,emphatique comme pour mieux soutenir son rĂŽle se promenait ça et lĂ  Ă  travers les danseurs-on le vit d’abord convulsĂ© par un vilain frisson de terreur ou de dĂ©goĂ»t ; mais une seconde aprĂšs ,son front s’empourpra de rage.[
]Et le poignard glissa avec un Ă©clair sur le tapis funĂšbre oĂč le prince Prospero tombait mort une seconde aprĂšs.[...]On reconnut alors la prĂ©sence de la Mort Rouge .Elle Ă©tait venue comme un voleur de nuit .Et tous les convives tombĂšrent un a un dans les salles de l’orgie inondĂ©es d’une rosĂ©e sanglante ,et chacun mourut dans la posture dĂ©sespĂ©rĂ©e de sa chute. » Justification J’ai choisi ce passage car c’est le moment oĂč la Mort Rouge entre dans l’histoire et passe Ă  l’action. 6. Qui sait ? Guy De Maupassant L’histoire se passe Ă  la fin du XIXĂšme siĂšcle, dans deux endroits diffĂ©rents À Paris et dans la maison du personnage principal, Ă  la campagne dans un lieu isolĂ© des routes mais Ă  la porte d’une ville en cas de besoin. Le personnage principal n’a pas de nom, on le nomme Monsieur. Monsieur C’est un homme solitaire rĂȘveur, philosophe, bienveillant, content de peu et sans aigreur contre les hommes et sans rancune contre le ciel. Il est mal a l’aise avec les hommes mais trĂšs attachĂ© aux objets de son quotidien ainsi qu’à sa maison. Extrait Et voilĂ  que j’aperçus tout Ă  coup, sur le seuil de ma porte, un fauteuil, mon grand fauteuil de lecture, qui sortait en se dandinant. Il s’en alla par le jardin. D’autres le suivaient, ceux de mon salon, puis les canapĂ©s bas se traĂźnant comme des crocodiles sur leurs courtes pattes, puis toutes mes chaises, avec des bonds de chĂšvres, et les petits tabourets qui trottaient comme des lapins. Oh ! Quelle Ă©motion ! » Justification J’ai choisi ce passage car c’est l’élĂ©ment dĂ©clencheur de l’histoire, le moment ou le fantastique apparaĂźt dans l’histoire Qui Sait ? » 7. La disparition d’HonorĂ© Subrac Guillaume Apollinaire L’histoire se passe dans une rue accolĂ©e Ă  une muraille. Elle se dĂ©roule au dĂ©but du XXĂšme siĂšcle. Le personnages principal est HonorĂ© Subrac. HonorĂ© Subrac Il est habillĂ© d’une houpelande et de pantoufles. C’est un homme qui a le pouvoir de se rendre invisible.* Extrait Et je dis Ă  haute voix -La rue est dĂ©serte, mon ami, vous pouvez apparaĂźtre. Brusquement, HonorĂ© Subrac se dĂ©tacha en quelque sorte de la muraille contre laquelle je ne l’avais pas aperçu. Il Ă©tait complĂštement nu et, avant tout, il s’empara de sa houpelande qu’il endossa net boutonna le plus vite possible. Il se chaussa ensuite et, dĂ©libĂ©rĂ©ment, me parla en m’accompagnement jusqu’à ma porte. » Justification J’ai choisi ce passage car il explique oĂč Ă©tait cachĂ© d’HonorĂ© Subrac pendant tout le temps de sa disparition. 8. Le Coquillage Ray Bradbury L’histoire se dĂ©roule au milieu du XXĂšme siĂšcle, Dans la maison d’un jeune garçon. Le personnage principal est Johnny Bishop. Johnny Bishop C’est un petit garçon malade de 11 ans, impatient d’ĂȘtre guĂ©ri et curieux. Extrait Ce coquillage allait ĂȘtre prĂ©cieux dans les jours Ă  venir .Chaque fois que l’aprĂšs-midi s’étirerait en longueur et que l’ennui s’installerait, il le collerait Ă  son oreille et prendrait des vacances lĂ -bas, tout lĂ -bas, sur quelque pĂ©ninsule exposĂ©e au vent du large. » J’ai choisi ce passage pour montrer comment s’occupe Johnny en attendant sa guĂ©rison. 9. Popsy Stephen King L’histoire se dĂ©roule Ă  la fin du XXĂšme siĂšcle, elle se passe dans un centre commercial du nom de Cousingtown. Les personnages principaux sont -ShĂ©ridan et le petit garçon. -ShĂ©ridan Il est obligĂ© d’enlever des enfants pour le compte de son patron Ă  qui il doit beaucoup d’argent. Il se sent honteux d’enlever des enfants. -Le Petit Garçon C’est un garçon perdu dans un centre commercial aprĂšs s’ĂȘtre sĂ©parĂ© de son ami Popsy. C’est un vampire, ses yeux sont rouges. Extrait [
]ShĂ©ridan entrevit l’ongle du pouce de Popsy, juste avant qu’il disparaisse sous son propre menton..Un ongle irrĂ©gulier, Ă©pais et brutal. Qui lui trancha la gorge avant qu’il ait eu le temps de comprendre ce qu’il lui arrivait. La derniĂšre chose qu’il vit avant que sa vision s’obscurcisse dĂ©finitivement, ce fut d’abord le gamin qui mettait ses mains en coup pour recueillir le liquide 
 » Justification J’ai choisi ce passage car on dĂ©couvre qui est le fameux Popsy que cherchait le petit garçon. 10. Fonds d’écran Pierre Bordage L’histoire se passe Ă  notre temps, elle pourrait se dĂ©rouler aujourd’hui. L’histoire se passe dans un collĂšge. Le personnage principal est Balthazar. Balthazar C’est un jeune homme dĂ©brouillard qui aime la technologie, il est Ă©galement amoureux d’une fille de son Ăąge nommĂ©e Tania qui est scolarisĂ©e dans le mĂȘme collĂšge que le garçon. Extrait [
]Une image le sidĂ©ra. Le pĂ©trifia. Le visage de Tania. Pas le visage mignon et souriant qu’il avait entrevu la derniĂšre fois, non un visage horrifiĂ©, les yeux Ă©carquillĂ©s par l’épouvante, la bouche grande ouverte. » On dĂ©couvre quel est le problĂšme de Balthazar dans la nouvelle. Avis sur ce recueil J’ai bien aimĂ© ce livre car -On dĂ©couvre Ă  chaque rĂ©cit de nouveaux auteurs. -Les nouvelles sont fantastiques. -À chaque nouvelle l’époque change. Evaelle, 4Ăšme A , 1er Octobre 2015. PubliĂ© par Evaelle, 4A - dans C
RĂ©sumé« Le masque de la mort rouge » (« The Masque of the Red death ») est un conte d'Edgar Allan Poeparu en 1842 dans le Graham's Lady's and Gentleman's Magazine. C'est une nouvelle oĂč Poe s'exerce magistralement au genre gothique. CaractĂ©ristiques Voir tout Date de parution. juillet 2019 . Editeur. Auto-Édition. Format. ebook (ePub) Type de DRM. Sans DRM .
Le masque de la mort rouge Odikon Redon, 1883, New York, MoMA RĂ©sumĂ© de la nouvelle Pour Ă©chapper Ă  la peste, le prince Prospero s’est enfermĂ© depuis plusieurs mois, avec un millier d’amis, dans une abbaye fortifiĂ©e. Un soir, il donne un bal masquĂ©. Quelques minutes avant chaque heure, une horloge d’ébĂšne joue un son puissant et musical, qui fait taire les convives et suspend momentanĂ©ment l’orgie. Puis l’heure sonne et la fĂȘte reprend. Mais juste aprĂšs le dernier coup de minuit, un nouveau convive traverse la fĂȘte, vĂȘtu d’un suaire et cachĂ© derriĂšre un masque de cadavre. ExaspĂ©rĂ© par cette inconvenance, le prince se lance Ă  sa poursuite avec un poignard mais tombe, raide mort. Les convives s’emparent de l’intrus, lui ĂŽtent son linceul et son masque, sous lesquels ne logeait aucune forme humaine », sinon la Mort Rouge elle-mĂȘme. Tous tombent Ă  leur tour, et meurent. Les phrases-clĂ© Poe explique longuement l’effet habituel de l’horloge sur les convives 
 quand l’aiguille des minutes avait fait le circuit du cadran et que l’heure allait sonner, il s’élevait des poumons d’airain de la machine un son clair, Ă©clatant, profond et excessivement musical, mais d’une note si particuliĂšre et d’une Ă©nergie telle, que d’heure en heure, les musiciens de l’orchestre Ă©taient contraints d’interrompre un instant leurs accords pour Ă©couter la musique de l’heure; les valseurs alors cessaient forcĂ©ment leurs Ă©volutions; un trouble momentanĂ© courait dans toute la joyeuse compagnie; et, tant que vibrait le carillon, on remarquait que les plus fous devenaient pĂąles, et que les plus ĂągĂ©s et les plus rassis passaient leurs mains sur leurs fronts, comme dans une mĂ©ditation ou une rĂȘverie dĂ©lirante. Mais quand l’écho s’était tout Ă  fait Ă©vanoui, une lĂ©gĂšre hilaritĂ© circulait, par toute l’assemblĂ©e; les musiciens s’entre-regardaient et souriaient de leurs nerfs et de leur folie, et se juraient tout bas, les uns aux autres, que la prochaine sonnerie ne produirait pas en eux la mĂȘme Ă©motion. » Le lecteur est donc prĂ©parĂ© Ă  comprendre comment, Ă  minuit, ce fonctionnement va diverger Et la tĂȘte tourbillonnait toujours, lorsque s’éleva enfin le son de minuit de l’horloge. Alors, comme je l’ai dit, la musique s’arrĂȘta; le tournoiement des valseurs fut suspendu; il se fit partout, comme naguĂšre, une anxieuse immobilitĂ©. Mais le timbre de l’horloge avait cette fois douze coups Ă  sonner; aussi il se peut bien que plus de pensĂ©e se soit glissĂ©e dans les mĂ©ditations de ceux qui pensaient parmi cette foule festoyante. Et ce fut peut-ĂȘtre aussi pour cela que plusieurs personnes parmi cette foule, avant que les derniers Ă©chos du dernier coup fussent noyĂ©s dans le silence, avaient eu le temps de s’apercevoir de la prĂ©sence d’un masque qui jusque-lĂ  n’avait aucunement attirĂ© l’attention. Et, la nouvelle de cette intrusion s’étant rĂ©pandue en un chuchotement Ă  la ronde, il s’éleva de toute l’assemblĂ©e un bourdonnement, puis, finalement de terreur, d’horreur et de dĂ©goĂ»t. » La nouvelle une lecture possible Poe s’attache ici Ă  traduire un nouvelle pathologie mentale la psychose collective. Prospero, phobique de la peste, s’enferme en compagnie de ceux qui partagent la mĂȘme anxiĂ©tĂ©. La fĂȘte forcĂ©e, les masques, illustrent ce dĂ©ni partagĂ©. Seule l’horloge, quelques minutes avant chaque heure, rappelle chacun au principe de rĂ©alitĂ©. L ironie blasphĂ©matoire » de la chute consiste en ce que le seul masque rĂ©aliste dissimule la mort rĂ©elle. Tandis que les masques factices ne cachent que des faux-vivants, qui s’écroulent instantanĂ©ment, tuĂ©s moins par la peste que par le retour du rĂ©el. Le clin d’oeil de l’artiste Si vous n’avez pas trouvĂ©, cliquez ici. Le fusain une lecture possible On pourrait reconnaĂźtre dans l’homme Ă  l’épĂ©e le prince Prospero s’apprĂȘtant Ă  poursuivre le suaire, que suggĂšrerait la forme noire, Ă  sa droite. Mais le fait que l’horloge marque minuit moins cinq oblige Ă  une autre lecture nous sommes juste au dĂ©but de la derniĂšre pĂ©riode de suspens, l’horloge vient de commencer sa musique et tous, masques et soldats, se figent dans une anxieuse immobilitĂ© ». Redon a transformĂ© en plume l’aiguille des minutes. Peut ĂȘtre cette invention graphique trouve-t-elle sa source dans une mĂ©taphore lue dans BĂ©rĂ©nice, la fuite silencieuse des heures au noir plumage ». Mais elle a surtout pour objet de synthĂ©tiser, avec une Ă©conomie radicale de moyens, le fonctionnement mĂȘme de la nouvelle presque toutes les minutes sont dĂ©diĂ©es Ă  la fĂȘte, au dĂ©guisement, au plumage. Mais mĂ©caniquement, il faut bien que l’aiguille de plume, Ă  chaque heure, passe sous l’aiguille d’acier. L’écart entre les deux aiguilles, c’est le temps qui reste Ă  la fiction avant que le rĂ©alitĂ© ne la poignarde
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